Selon CodinGame, 80% des professionnels RH recrutent des développeurs sans formation diplômante

Dans son 4e rapport annuel sur le métier de développeur, l’entreprise montpelliéraine CodinGame, plate-forme de référence sur le marché du recrutement de développeurs, fait le point sur les formations, les profils recherchés et les évolutions du marché. La crise sanitaire a fait bouger les lignes. Si la constante d’une pénurie de candidats qualifiés persiste, une meilleure employabilité des profils de développeurs non universitaires ou autodidactes fait son entrée, ainsi que la généralisation du télétravail.
Cécile Chaigneau
La crise sanitaire a accéléré la dématérialisation des modes de recrutement : selon le rapport 2021 de CodinGame, 52% des professionnels de la tech sont recrutés via des procédures qui se déroulent 100% à distance, entretiens d’embauche inclus.

Créée en 2014, la start-up montpelliéraine CodinGame est devenue la plate-forme de référence sur le marché du recrutement de développeurs. Elle met en relation des développeurs qualifiés avec des entreprises à la recherche des meilleurs talents.

Fédérant une communauté d'aujourd'hui plus de 2 millions de développeurs répartis sur 175 pays, CodinGame s'est fait connaître par les challenges de programmation en ligne qu'elle organise pour détecter les meilleurs codeurs. Elle annonce plus de 1.000 clients internationaux, dont, parmi les derniers partenariats signés, Facebook, Axa, Sopra Steria, France TV ou Accenture.

Le 14 janvier, la start-up publie son 4e rapport annuel sur le métier de développeur, après avoir interrogé plus de 15.000 développeurs et recruteurs de la tech à travers le monde. Un rapport qui fait le point sur les formations, les profils recherchés et les évolutions du marché avec, en regard, l'avis des professionnels RH reflétant les pratiques de recrutement et les besoins en emploi du secteur.

Recrutements en visioconférence

Le premier enseignement tiré de ce rapport, c'est le basculement très net des entreprises vers le télétravail, opéré suite à la pandémie mondiale de Covid-19 qui s'est révélée un véritable catalyseur de la dématérialisation des organisations.

Alors que l'enquête CodinGame 2020 soulignait que seulement 4% des entreprises interrogées autorisaient le travail à distance à 100% l'année dernière, cette année, « plus de 48% des employeurs déclarent proposer du télétravail à temps plein pour les métiers de la tech, et 86% des développeurs déclarent être très satisfaits de cette modalité de travail ».

La crise sanitaire a également eu des conséquences sur les modes de recrutement, dématérialisant les process. Selon le rapport, 52% des professionnels de la tech sont recrutés via des procédures qui se déroulent 100% à distance, entretiens d'embauche inclus.

« Les entreprises ont dû s'adapter et aujourd'hui, il n'y a quasiment plus d'entretiens en face à face, même si c'est ce que les recruteurs et les candidats préfèrent privilégier, observe Laure Barral, cofondatrice de CodinGame avec Frédéric Desmoulins et Nicolas Antoniazzi. Les outils permettant le recrutement en visio-conférence ont explosé. Sur les huit derniers mois, plus de la moitié des répondants sont passé à des recrutements à distance. Ce qui nécessite de revoir les processus d'identification des candidatures et de passage des entretiens... Les candidats préfèrent les entretiens informels ou les entretiens techniques en "live coding". »

Cherche DevOps désespérément...

Troisième observation notable : en 3e position l'année dernière dans le Top 10 CodinGame des métiers de la tech les plus recherchés, les profils DevOps (développeur logiciel et administrateur de systèmes) sont désormais en tête du classement devant les développeurs back-end et full-stack et sont ceux que les professionnels RH estiment qu'ils auront le plus de difficultés à recruter à horizon 2021.

« La plupart des activités se sont déportées en ligne et ce profil, qui était déjà très demandé, est monté sur le haut du panier », appuie Aude Barral.

Le métier a en effet connu une très forte demande ces derniers mois, notamment pour la conduite de tests logiciels et la supervision des performances des serveurs distants en période de crise sanitaire où la performance des infrastructures web est devenue cruciale.

Une plus grande place aux autodidactes

Dans un contexte de pénurie de professionnels de la tech, le rapport révèle une évolution importante dans les process de recrutement : il semblerait que le sacro-saint diplôme d'ingénieur ne constitue plus le sésame ultime pour démarrer une carrière de développeur.

L'étude révèle ainsi que près de 35% des développeurs se considèrent autodidactes (ayant notamment appris via des ressources gratuites telles que les livres, tutoriels en ligne, chaînes Youtube, etc.) et que les entreprises leur fassent une place de plus en plus grande dans leurs offres d'emploi puisque 80% des professionnels RH interrogés déclarent recruter des développeurs qui n'ont pas de formation diplômante.

« Jusqu'à il y a peu de temps, les entreprises restaient arcboutées sur les écoles d'ingénieurs avec un minimum d'expérience professionnelle, c'est à dire des profils plus classiques, confirme Aude Barral. Par ailleurs, la façon dont se forment les développeurs évoluent avec les formations alternatives, MOOC, bootcamps, formations courtes, formations 100% en ligne, etc. Les RH se rendent compte qu'il existe des profils intéressants en dehors des grilles de critères. »

JavaScript, Java et Python sont, pour la troisième année consécutive, les langages de programmation les plus pratiqués par les professionnels de la tech, plus de la moitié des développeurs maîtrisant en effet ces 3 langages.

Attirer et fidéliser

Comment le marché de la tech aborde-t-il cette année 2021, encore soumise aux aléas d'une crise sanitaire dont on ignore quand elle se terminera ?

Selon le rapport de CodinGame, la majorité des entreprises sondées (64%) prévoit de recruter jusqu'à 50 développeurs cette année. Certains recruteurs ont cependant des objectifs de recrutement plus ambitieux : 14,4% des équipes RH prévoient de recruter entre 50 et 100 développeurs, et 13,5% espèrent pouvoir recruter plus de 100 développeurs en 2021.

Interrogés sur les domaines sur lesquels ils souhaitent mobiliser leurs investissements pour 2021, les entreprises déclarent vouloir concentrer leurs efforts sur leur capacité à attirer et à fidéliser des développeurs de talent.

Du côté des salaires, c'est dans le secteur de la sécurité, suivi par les secteurs des nouvelles technologies et de l'assurance, que les développeurs les mieux payés travaillent.

« On observe une différence d'environ 15.000 dollars de rémunération annuelle entre les développeurs qui travaillent dans les secteurs qui payent le mieux, et ceux qui travaillent dans des secteurs comme l'administration publique ou les sociétés de service IT », pointe le rapport.

Avec un salaire annuel moyen de 74.585 dollars, les architectes logiciels sont, pour la seconde année consécutive, les professionnels de la tech les mieux payés, suivis de près par les data scientists. Ces deux professions présentent des salaires moyens annuels supérieurs à 55.000 dollars.

Équilibre et flexibilité

Si 44,4% des développeurs sont ouverts à la mobilité internationale, ils sont aussi plus de la moitié à rechercher en priorité un nouveau poste dans la ville où ils résident. En parallèle, 36,5% des professionnels de la tech recherchent des candidats à l'international. « Ce chiffre va-t-il augmenter en 2021, avec la généralisation du télétravail ? », interroge le rapport.

« Les développeurs accordent de plus en plus d'importance à l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et même l'attrait d'un salaire très attractif ne suffit pas à les faire changer d'avis, répond Aude Barral. Les recruteurs du secteur des technologies doivent en tenir compte lors de l'embauche, en répondant aux besoins des professionnels qui souhaitent un environnement de travail plus flexible et plus équilibré. »

La dirigeante de la start-up observe que « les recrutements ont globalement été gelés en 2020, et on a noté une reprise à partir de septembre 2020, car les entreprises ont la volonté de continuer leurs projets ».

Moins d'évangélisation

« Aujourd'hui, il existe une meilleure appréhension des outils de recrutement en ligne de la part des entreprises, on a moins à évangéliser, alors qu'il n'y a encore que quelques mois, elles ne recouraient pas à ce type d'outils », ajoute-t-elle.

CodinGame emploie 30 personnes à Montpellier et avait réalisé un chiffre d'affaires de 2,5 M€ en 2019. Aude Barral ne dira rien sur les résultats 2020, si ce n'est que la start-up « finit l'année avec 35% de croissance contre 100% l'an passé ».

L'entreprise continue de recruter, « sept personnes sur les six derniers mois », précise Aude Barral, qui annonce qu'« en 2021, CodinGame continue ses efforts à l'export, qui représente 60% de notre chiffre d'affaires aujourd'hui ».

Des innovations dans la gamification et des jeux d'intelligence artificielle devraient être présentés au premier trimestre 2021.

Cécile Chaigneau

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